Les projets de la compagnie dans les cinq prochaines années
2021 – 2022
LE CONTRAT DES ATTACHEMENTS
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L’auteur
Auteur de théâtre, metteur en scène et comédien, Jean-Yves Picq a écrit une toute première version du contrat des attachements en 1997.
Sur le ton d’une comédie douce-amère, Pirogue, pièce écrite en 2004 et présentée au théâtre de La Rotonde, avait déjà rappelé la fracture entre l’homme et la femme qui constitue chez l’auteur un questionnement permanent.
En 2011, alors élève de Jean-Yves Picq au Conservatoire d’Avignon, Anaïs Assémat découvre le texte du contrat des attachements qui la bouleverse et qui va la poursuivre jusqu’à ce qu’elle décide quelques années plus tard d’incarner « la révolte d’une femme, inconsciente, organique, comme atomique. »
L’histoire
L’histoire est celle d’un amour incroyable, fusionnel, éternel.
Pourtant, un matin, en entendant les nouvelles à la radio, la vision du monde de cette femme change, la folie l’envahit pendant une minute, le temps de « mettre le feu à la demeure », pour hurler sa révolte, son dégoût subit du monde.
Et voilà le couple projeté à terre dans un endroit improbable qu’on souhaiterait onirique.
« Considérant la désolation où vous avez mis le monde autour de vous, nous avons choisi de vous transférer dans cet endroit, de vous priver de vue et de vous attacher les mains, non pas pour vous punir de vos erreurs comme des enfants que vous n’êtes plus – erreurs qu’il ne nous appartient pas de juger de toute façon – mais pour préserver une chance, la dernière, d’une résolution possible entre vos deux parties ».
Comme une conscience extérieure, la voix grave et énigmatique d’un Tiers-ami invite le couple à n’utiliser que la parole pour éviter le recours instinctif aux gestes et aux regards et parvenir plus vite à l’essentiel.
« Ce qui m’a attirée, c’est ce défi de jouer les 50 premières minutes de la pièce avec les yeux bandés et les mains liées dans le dos » dira Anaïs Assémat lors des premières résidences.
La mise en scène
La scénographie se veut ici d’une extrême sobriété. Pas de décors pour cette création, un plateau nu, avec seulement les deux acteurs qui tentent de se débattre de cette situation et surtout d’eux mêmes. Aucun appui, seulement le verbe, les mots pour seule arme. En revanche, les spectateurs seront assis en quadri- frontal. La notion d’enfermement est, dans cette pièce, essentielle. Ce positionnement permet également une intimité que le texte jusNfie largement.
KIVU
Ecriture en cours. Sortie prévue en 2023. Programmation 2023-2024
Le sujet
Inspirée de nombreux ouvrages sur l’économie politique des pays de l’Afrique Centrale, le nom de la pièce est celui d’une région des Grands Lacs de la République Démocratique du Congo, limitrophe du Rwanda et de l’Ouganda.
Le point commun des pays de cette vaste et riche région de l’Afrique est la conquête du pouvoir par des bandes dont la rivalité changeante s’appuie soit sur des conflits ethniques (Tutsis/Hutus comme au Rwanda), soit sur des questions communautaires (Selaka/anti-balaka comme en Centrafrique) soit encore sur des trahisons et des putschs à répétition.
La caractéristique transversale de ces conflits est leur degré élevé de barbarie avec, entre autres, le viol collectif et brutal comme dénominateur commun.
Point de départ de l’histoire : le viol de guerre. Considéré comme une arme de destruction redoutable, barbare, horrible, inhumaine visant à détruire le moteur de la reproduction, le ventre de la femme.
Progressivement les personnages invitent le spectateur à réfléchir sur le réel moteur du viol. Dans un contexte génocidaire, le viol est destiné à produire de la douleur et de l’horreur pour faire fuir les populations de leur sol natal. Femmes et fillettes, quand on ne les trouve pas au petit matin en pleine rue dans une flaque de sang, doivent être anéanties, irrémédiablement détruites. S’inspirant des travaux sur l’idéologie hamitique, la pièce avance l’idée que le massacre répond au motif fallacieux qu’il existe un clan, un peuple, une ethnie supérieure à l’autre, différences inventées par le colonialisme du XIXème siècle. De fil en aiguille, on en arrive à comprendre que, quelles qu’elles soient, ces différences ethniques sont entretenues pour servir des intérêts financiers complexes sur lesquels les organisations internationales ferment les yeux. Plus les exactions sont monstrueuses plus le regard se détourne des vraies raisons qui les sous-tendent
L’histoire
Celle de deux femmes qui vont se découvrir dans une prison de Goma et se raconter à travers la cloison qui sépare leurs cellules. Puis une fois libres, une forte amitié va les réunir et les engager dans un même combat. L’une, blanche, est reporter journaliste, venue en Afrique pour recueillir des informations sur l’horreur, kidnappée en plein jour et incarcérée car elle en sait trop. L’autre, noire, Congolaise, a été victime de viols par les armées ougandaises et rwandaises censées défendre son pays, rafistolée par un chirurgien médiatique, et, emprisonnée elle aussi, tentant, malgré sa maladie, de rassembler ses forces pour dénoncer l’hypocrisie du système.
Les personnages
Kimia, (qui veut dire « la paix »), congolaise, la quarantaine, victime très jeune de viols, à l’origine militante des partis de libération du Congo (AFDL à l’époque de Laurent-Désiré Kabila) puis déçue par l’attitude du gouvernement, entrée dans l’opposition pour défendre la cause des femmes. Elle est atteinte du SIDA.
Le personnage de Kimia est inspiré de l’histoire de Coco Ramazani racontée par Joseph Mwantuali « Tu le diras à ma mère » orpheline enrôlée de force dans les conflits armés, victime de violences sexuelles dès son enfance et morte du HIV.
Camille, jeune journaliste française, engagée, la trentaine, travaillant pour la télévision belge, enquêtant sur le pouvoir dans les pays de l’Afrique centrale, convaincue que les conflits sont alimentés par des intérêts internationaux.
Le personnage de Camille est suggéré par l’histoire de la jeune journaliste française (26 ans), Camille Lepage, photographe de guerre, engagée, couvrant les conflits de la République Centrafricaine, tuée d’une balle dans la tête en 2014 à la frontière camerounaise alors qu’elle terminait un reportage photo sur le conflit entre Seleka et anti-Balaka lors de l’opération militaire Sangaris décidée par la France en Centrafrique.
Scénographie
La scène sera scindée par un mur séparant deux cellules mitoyennes.
Le dialogue entre les deux femmes sera entrecoupé d’images tirées de reportages télévisuels réels sur les massacres africains et d’images tournées avec les comédiennes sur place pour appuyer la fiction. Ces images seront projetées sur les murs latéraux afin d’envelopper le spectateur dans une réalité de laquelle il ne peut échapper.
Les actrices.
La création de Kivu sera donc précédée d’un voyage sur place, dans la région du Kivu, épicentre des horreurs pendant le génocide rwandais et encore aujourd’hui lieu de conflits de pouvoirs. Ce voyage de toute l’équipe prévu en 2023 permettra de réaliser les reportages venant en appui documentaire à la pièce. Ce voyage permettra à l’équipe de « s’imprégner » de la réalité africaine, de ses enjeux, de la façon dont réagissent les communautés congolaises concernées, et permettra aussi à Justine Boulard, comédienne, de tenir le rôle de Camille dans la pièce.
Le casting pour la comédienne congolaise est prévu en 2021.
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L’OUBLIÉE
Ecriture théâtrale tirée de la biographie de Charles Darwin et de celle de Clémence Royer, traductrice contestée en France de l’auteur de l’origine des espèces.
Pièce bilingue en trois actes
Sortie prévue en 2024. Programmation 2024 – 2025
L’histoire
En 1859 Charles Darwin publie « On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life ». Son ouvrage aura un retentissement exceptionnel en raison de la hardiesse et de la nouveauté de ses thèses, même si, à partir de 1930, d’autres travaux scientifiques viendront modifier certaines de ses hypothèses initiales
En 1862, Clémence Royer, féministe, autodidacte, propose de traduire l’œuvre de Darwin pour le lectorat français. Cependant, elle s’y investit avec une telle ardeur et une telle audace qu’elle prend quelques libertés dans la traduction, introduisant dans une longue préface ses propres vues sur l’évolution de l’humanité. Son anticléricalisme notamment finit par heurter ses collègues anthropologues et Charles Darwin lui-même, au point que celui-ci choisit un autre traducteur, Jean-Jacques Moulinié puis Edmond Barbier. La version française définitive sera rééditée en 1873.
Le sujet
L’intention de la pièce est de montrer, dans le contexte encore très clérical de la deuxième moitié du 19ème siècle (nous sommes en 1860), combien il était difficile pour des femmes de se faire une place dans le milieu scientifique très masculin de l’époque.
La pièce ne prétend pas donner raison ou tort à Clémence Royer dans sa traduction de l’origine des espèces mais simplement évoquer le courage de ces femmes exceptionnelles qui ont été à l’origine du mouvement féministe.
Alors qu’elle est un pilier de l’émancipation des femmes, Clémence Royer, bannie par la communauté scientifique, exilée en Suisse en raison de ses prises de position politiques, la conduisant tour à tour à proposer une réforme de l’impôt, à développer la « philosophie populaire « , à militer pour l’instruction des femmes, est aujourd’hui, sinon inconnue en tout cas « oubliée » aussi bien par la communauté scientifique que par les politiques qui prétendent aujourd’hui être les porte-drapeau du féminisme. «
Personnages et scénographie
A ce stade du projet il est prématuré de définir avec exactitude la scénographie qui tourne autour de trois personnages : Clémence Royer, Charles Darwin et un tiers-récitant qui raconte l’histoire et apporte des précisions explicatives sur le contexte.
Clémence Royer a 32 ans quand elle propose à Darwin la traduction de son ouvrage.
Charles Darwin en a déjà 53.
Le pari théâtral ici est d’utiliser les deux langues pour plonger le spectateur dans la réalité de la situation et le décor d’une époque : le Paris de Napoléon III devenu empereur et le Londres de la puissante reine Victoria à la tête de l’empire britannique. Deux mondes, deux mentalités, deux cultures, deux langues. Darwin, certes sans doute attiré par les libres penseurs dont faisait partie Clémence Royer mais tenaillé par la critique puritaine de l’église anglicane, a sans doute abdiqué sous la critique à l’égard de cette jeune Française, à son goût, « un peu singulière ».
Et ce tiers-récitant va expliquer les pièges de la traduction, les hésitations de Darwin, les excès de Clémence Royer qui conduiront à sa disqualification scientifique.